La légende de Gros Gris – chapitre IV

Chapitre IV – Le bouchon

Vincent aimait les oiseaux. Fidèles témoins de ses ablutions matinales, ils chantaient du lever du soleil jusqu’au coucher pour ne prendre de repos seulement les jours de pluie. Ces discrets compagnons s’habituèrent vite à la présence de Vincent et n’hésitaient pas à venir le saluer lorsqu’il travaillait dans les bois. Élargissement des chemins, émondage des branches, coupe de bois, nettoyage de la petite plage faisaient parti de sa routine quotidienne. Un jour, à la quincaillerie locale, il trouva une sorte de petit bouchon jaune qui s’adaptait aux grosses bouteilles de boisson gazeuse et qui une fois rempli de graine et tourné à l’envers devenait une mangeoire pour oiseaux. Fier de sa trouvaille il s’empressa d’aller l’installer à une branche basse devant le chalet.

Tournesol, millet blanc, maïs concassé, il y avait un peu de tout ce que les oiseaux raffolent dans cette mangeoire du futur. Il constata le lendemain que sa trouvaille était très populaire auprès de la gente ailée. Il prenait plaisir à les voir se chamailler, virevolter autour du repas gratuit qu’il leur offrait. Il avait pris soin de mettre un cône en plastique sur la corde qui retenait la mangeoire afin d’éviter les indésirables poilus mais ce ne fut pas suffisant. Un matin il trouva la bouteille vidée de son contenu sur le sol et le bouchon jaune demeura introuvable.

Il soupçonnait Gros Gris qui toujours juché sur sa branche regardait la scène avec cet air défiant et moqueur. Cet écureuil de malheur avait sûrement trouvé le moyen de couper la corde. La tension commençait à monter. Vincent lança la bouteille vide en direction de la bestiole qui comme d’habitude évita le projectile en se perdant dans la nature. Il retourna à la quincaillerie et acheta un autre bouchon. Cette fois-ci il mit la mangeoire plus près du chalet, sur un crochet directement planté dans la façade prenant la peine d’enduire la corde de goudron afin de décourager le rongeur belliqueux.

Horreur au réveil, des graines partout, du goudron sur le palier, le bouchon disparu. Vincent aperçut Gros Gris du goudron plein les moustaches sautillant de branche en branche qui criait tout en montrant son postérieur. La guerre était déclarée ouverte. Vincent ouvrit la porte d’un coup de pied, empoigna son fusil et tira quelques salves en direction de la bête, sans succès. Gros Gris réussit une fois de plus à déjouer le tir ennemi.

‘’…Je vais l’avoir le tabarnac! Y a pas fini avec moé l’hostie de poilu!..’’ disait-il au Gros Ménard, appuyé sur le comptoir du Café. Il était sans tous ses états. Le gros était plié en deux écoutant l’épopée de Vincent qui n’entendait plus à rire. Il raconta comment cet écureuil empoisonnait sa vie et comment il était devenu son ennemi juré. Les clients qui écoutaient l’histoire avaient tous l’air médusé mais sympathisaient avec lui. ‘’…J’ai déjà eu affaire à un siffleux qui venait voler ma blague à tabac…’’ marmonna le bonhomme Fortin, un vieillard chétif et jovial qui passait ses journées à boire. Un autre raconta comment sa femme eut la vie pénible à cause d’un brochet mais l’histoire ne tenait pas debout. Les détails étaient tellement grossiers qu’à l’unisson ils lui dirent de la fermer.

L’évènement resta sans conséquences. Les oiseaux déçus d’avoir perdu leur casse-croûte se rabattirent sur la seule alternative valable; les croûtons de pain de Madame Simard. Vincent jura de se venger. Il cherchait le moment opportun pour piéger Gros Gris mais la bête était rusée et gardait ses distances. Peu importe, la vengeance est un plat qui se mange froid se disait-il en scrutant la forêt.

Un jour alors qu’il nivelait le petit sentier menant à la rivière, il trébucha sur une grosse racine qui traversait le chemin. Il tira dessus de toutes ses forces afin la rompre. La racine qui résista se souleva en creusant un petit sillon qui s’éloignait au fur et à mesure qu’il tirait dessus. Le sillon arrêta au pied d’un sapin. Une tache de couleur attira son attention à la base du conifère, les deux bouchons jaunes à moitié rongés avaient émergés du sol. Encore un coup de Gros Gris. Qui d’autre pouvait être coupable d’une telle infamie! L’écureuil croyait sûrement que ces bouchons agissaient comme une lampe magique, qu’il suffirait de les frotter au moment opportun pour obtenir une montagne de nourriture. Peu importe la raison, Vincent en avait assez. Il fallait mettre un terme à ces méfaits.

À suivre…

6 réflexions sur “La légende de Gros Gris – chapitre IV

  1. Ma femme??? j’te la vend si tu veux! ^^
    Posté par Figaro, 28 septembre 2006 à 03:07

    HANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN!
    proskénète !
    Satan !
    Hérétique !
    (tfasson elle va plus revenir, encore un coup de Gros gris !)

  2. Goretta: HAHAHAHAHA… alors, combien??
    Goubli: euh… les tiens ou les miens?? parce que les miens ils sont gentils.. 🙂

  3. Non les miens, ceux du dessous ils hurlent quand ils « baisent », ils sont juste en dessous de la chambre des filles et ils font ça vers 1h du mat et celle du dessus se couche tard et n’oublie jamais de venir dans sa chambre avec ses talons aiguille ;o)

  4. Bonjour a vous ;

    J’ai lu votre légende de gros gris et j’ai bien apréciée puis rigolée, par contre il serait fort intéressant d’y avoir la suite ou la fin si possible, elle était si extraordinaire que je ne peux me passer d’en savoir d’avantage sinon la fin comme je vous le mentionne si haut .

    Merci a l’avance. Signé une admiratrice de légende lol.

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